14 Avr 2015
Ornemental Plants – 2015
Ornemental Plants est un couple d’objets ambigus entre le vase et la maquette de centrale nucléaire. Plant en anglais désigne le végétal mais aussi la cheminée de la centrale. La pureté de l’émail blanc, laiteux garde la trace de la main de l’homme à l’intérieur (technique ancestrale du colombin apparente) et se fait plus dure et proche des lignes bétonneuses à l’extérieur.
Ornemental Plants is a pair of ambiguous objects, somewhere between a vase and a model of a nuclear power plant. In English, “plant” refers to both vegetation and a power plant chimney. The purity of the milky white enamel retains the trace of the human hand on the inside (using an ancient coil technique), while the exterior becomes harder, closer to the rigid lines of concrete.
– Aquarelle sur papier velin watercolor on paper
20 x 20 cm
– Ensemble de 2 sculptures non séparables 2 sculptures of enamelled earthenware
Faïence émaillée
(2x) 28 x 40 cm
Réalisées à l’atelier de céramique de l’Espace et École d’Art Camille Lambert (Juvisy) avec l’aide d’Alejandro Cerha (céramiste)
31 Déc 2018
Des chemins de grues au chemin de grès – 2018
Projet de Laure Tixer et de Hervé Rousseau dans le cadre des Résidences La Borne
Rucher composé de 17 ruches
Grès engobé et émaillé
Barres
[8 x] 67 x 22 x 27 cm
Tours
[10 x] 67 x 24 x 27 cm
Cuisson au bois
Collection Frac Centre-Val de Loire
Dans le cadre des Résidences La Borne (1) en 2018, Laure Tixier et Hervé Rousseau ont collaboré à un projet de rucher qui met en parallèle deux utopies opposées des années 1950-70 : d’un côté celle des grands ensembles, usines à urbaniser des ruraux, implantées en périphérie des villes, et de l’autre, celle d’un retour à la terre de céramistes venus du monde entier dans ce village isolé, pourvu d’un filon d’argile.
Figures d’oxymore, ces ruches en grès de La Borne tentent de formuler une histoire de la modernité développée à grande échelle par des techniques primitives et archaïques de la céramique. Les colombins et les plaques de terre foulée au pied ont été plaquées à l’intérieur de coffrages en bois assemblées en parallélépipèdes rectangles horizontaux et verticaux. Cuites dans un four à bois pendant six jours, les ruches gardent visibles les gestes de leur réalisation et vibrent sous la contrainte des formes de la tour et de la barre.
En filigrane, se tisse la mise en regard des gestes du céramiste et des gestes architecturaux dont la plus emblématique des techniques de construction des grands ensembles : le chemin de grues (2).
C’est parce que les abeilles, notamment au moment de l’essaim, se questionnent sur où et comment habiter, dans une fascinante discussion autour de cet enjeu crucial pour leur fragile survie, que Laure Tixier et Hervé Rousseau les ont choisies pour interroger notre propre rapport à l’habitat. Selon Thomas Seeley (3), un essaim d’abeilles parvient à une forme d’intelligence collective dans le choix de son domicile : les ouvrières agglutinées autour de la reine, conduisent un processus démocratique de prise de décision (identifier une série d’options distinctes, partager les découvertes en exécutant des danses, conduire un débat et parvenir à un accord à propos du nouvel habitat de l’essaim).
Ce rucher silencieux attend des essaims d’abeilles, ouvrières succédant aux ouvriers, pour qui les grands ensembles ont été pensés.
Aux gestes de la céramique, peuvent, à l’abri, derrière les épais murs de grès, se superposer les délicates alvéoles en cire des abeilles.
(1) Depuis 2013, les Résidences La Borne invitent des artistes de tous horizons à collaborer avec des artistes, céramistes de La Borne (village traditionnel de potiers situé sur la commune d’Henrichemont entre Bourges et Sancerre) dans le but de développer un projet commun de coréalisation d’oeuvres.
(2) Rail posé au sol pour faire avancer les grues entre les centrales à béton installées à proximité du terrain à bâtir et les constructions elles-mêmes de part et d’autre de la voie ferrée. Cette rationalisation de la performance productive avait fini par induire deux formes architecturales, la tour et la barre.
(3) Honeybee democracy, Princeton University Press, 2010
As part of the Résidence La Borne in 2018 (1), Laure Tixier and Hervé Rousseau collaborated on a beekeeping project that draws a parallel between two opposing utopias from the 1950s-70s: on one side, the vision of large housing complexes, urban factories intended to settle rural populations on city outskirts; and on the other, the vision of a return to the land, with ceramicists from all over the world converging in this isolated village, rich with a clay deposit.
As oxymoronic figures, these stoneware beehives from La Borne attempt to express a history of modernity developed on a large scale using primitive and archaic ceramic techniques.
Coiled clay and hand-pounded slabs of earth were pressed inside wooden molds assembled into horizontal and vertical rectangular parallelepipeds. Fired in a wood kiln for six days, the beehives retain visible traces of their creation, vibrating under the constraints of tower and block forms.
Woven through this process is a comparison between the gestures of the ceramicist and architectural movements, notably the most emblematic technique for constructing large housing estates: the crane track (2).
It is because bees, especially during swarming, question where and how to live—engaging in a fascinating discussion on this crucial issue for their fragile survival—that Laure Tixier and Hervé Rousseau chose them to explore our own relationship to dwelling. According to Thomas Seeley (3), a bee swarm achieves a form of collective intelligence in choosing a home: worker bees gathered around the queen lead a democratic decision-making process (identifying a series of distinct options, sharing discoveries through dance, engaging in debate, and finally reaching consensus on the swarm’s new home).
This silent apiary awaits bee swarms—workers succeeding the laborers for whom the housing estates were conceived.
Behind the thick stoneware walls, the delicate wax honeycombs of the bees can overlay the gestures of the ceramicist, protected in their shelter.
(1) Since 2013, the Résidence La Borne have invited artists from diverse backgrounds to collaborate with artists and ceramicists from La Borne (a traditional pottery village located in the commune of Henrichemont, between Bourges and Sancerre), with the aim of developing a common project to co-create works of art.
(2) A rail laid on the ground to move cranes between concrete plants installed near the construction site and the buildings themselves on either side of the railway. This rationalization of productive performance eventually gave rise to two architectural forms: the tower and the block.
(3) Honeybee Democracy, Princeton University Press, 2010